Halle Marchandises des Importations
Posée à 1 230 m d’altitude, à deux pas de la gare internationale de Latour-de-Carol / Enveitg, cette vaste halle à structure métallique et couverture bois-ardoise témoigne d’un siècle d’échanges transfrontaliers. Son volume unique, ses travées rythmées par des poteaux et poutres rivetés, et ses lanterneaux zénithaux en font une “cathédrale” de la manutention ferroviaire. À l’intérieur, des rails affleurants et des quais latéraux trahissent sa fonction : recevoir, contrôler et transborder les marchandises arrivant d’Espagne vers la France.
NB : la dénomination « Halle Marchandises des Importations » est l’appellation locale/historique de cette halle douanière côté France.

Pourquoi ici ? Une gare vraiment unique en Europe
Latour-de-Carol / Enveitg est une gare internationale à trois écartements (métrique – Train Jaune, standard européen, et ibérique) et trois tensions. Elle relie Toulouse, Barcelone et la ligne de Cerdagne. Cette singularité a imposé, dès l’origine, des installations dédiées aux voyageurs et… aux marchandises à contrôler ou à transborder.
Où se faisait le transbordement ?
Principalement à Puigcerdà, pour des raisons très pratiques
Dans la pratique, le gros du transbordement (wagon-à-wagon ou wagon-camion) s’effectuait côté espagnol, à Puigcerdà. Le plateau y est plus vaste, ce qui a permis de développer un faisceau marchandises plus important : davantage de voies de service, plus de longueur utile et des zones de manœuvre confortables.


Faisceau côté Espagne
En miroir, Latour-de-Carol restait le point de contrôle et de dépôt sous douane côté français : réception, visite douanière, mise en dépôt avant réexpédition ou mise en libre pratique.

Déclin du fret et changement d’époque
Avec l’évolution des trafics et des organisations, le service de fret a cessé à Latour-de-Carol le 12 décembre 2004, ce qui a fait tomber la halle en sommeil. Parallèlement, la mise en place du marché unique (1ᵉʳ janvier 1993) a supprimé les formalités douanières aux frontières intérieures de l’UE, réduisant l’utilité des locaux de contrôle transfrontaliers.

Des tombereaux attende sur la voie de la halle marchandise
Auteur : Jordifossas
L’après trafic marchandise ?
Le bâtiment, déserté de toute activité depuis 2004, a rapidement suscité l’intérêt de la SNCF qui a souhaité à plusieurs reprises le démolir. Grâce à l’engagement des élus, toutes les demandes de démolition ont jusqu’ici été refusées.
Cependant, la halle souffre aujourd’hui d’un manque criant d’entretien. Livrée à elle-même depuis près de vingt ans, elle est désormais menacée de disparition si aucune action concrète n’est entreprise.
Véritable témoin de l’histoire du trafic marchandises, ce lieu possède un fort potentiel : il pourrait être réhabilité et transformé en espace de stockage patrimonial, offrant un abri sûr et adapté pour préserver des voitures historiques dans les meilleures conditions.
Quelque photos de train de marchandise sur la partie « haute » de la ligne :